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Papier carbone

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Papier carbone
5 avril 2015

Il y a quelques heures ...

 

Je ne peux le côtoyer
Son dos saisit mon horizon et l’enferme
Et dans les plis de mon vêtement
S’impose le deuil de moi-même.

Il s’avance    
Elle avance trois pas derrière
Lui
S’arrête au bord du trottoir
Elle arrête
Trois pas derrière lui
Exactement
Il traverse
Elle traverse
Trois pas derrière lui  exactement
Il tourne sur sa gauche
Elle tourne à gauche
Trois pas derrière  etc.
Ainsi font la pantomime
Comme sortis d’une vieille machine de H.G. Wells
C‘était  il y a quelques heures à peine
Au croisement des deux boulevards
Lui
Plénipotentiaire domestique
Elle
Le corps dérobé
Ombre de l’ombre de l’homme.

 

© Camille Pioz                                                                          130621

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5 avril 2015

Par le ciel ...

 

Par le ciel d’eau pâle
Le parc se referme et s’apaise
Les chats étirent leurs ombres
Des balancelles jusqu’à la pierre polie
De l’aplat des gazons aux écorces
Et fuse le salut du dernier oiseau.

 

© Camille Pioz                           140118      

5 avril 2015

Soleil

Soleil cru
son dard de pollution
enfiévré
ça cogne dur dans ma tête
c’est les icebergs qui se fracassent
m’aveuglent

Soleil dru
Soleil brisé criblé
sous des trombes de feuilles  de pierre de boue échevelée
Soleil bourrasque
mugissant rugissant
en tourments de grêle
le bocal est fermé
Ça martèle dur dans vos têtes ?
C’est les icebergs qui suffoquent.

 

© Camille Pioz                                   140608           

5 avril 2015

La giroflée

La giroflée 
au jardin interdite
crête en brouillon
pétales trop cuits
sans grâce et sans parfum
moi-disant
la giroflée n’osée
parce qu’au mur de briques municipal
sempiternellement
la giroflée
aux meulières de la communale
de filles
le tablier muet
bras froissés
sur le tableau épinglés
je ne plus
je ne plus
les cahiers d’encre rougis.

 

© Camille Pioz                                     140606

5 avril 2015

Un piano...

Un piano
échoué
un matin
entre loup et chien
sur le sable
et que les vagues assaillent à petites lampées
enlisé
dans la poix d’un trottoir surchauffé
au sud de Kottayam
une promesse
qui dérive.

 

©    Camille Pioz                                     140611

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5 avril 2015

Le train

Soudain le paysage
âcre
la roche s’est haussée
a déchiré le foisonnement de verdure
une lumière acérée arrache chaque détail
à l’anonymat 
les espaliers de toits fiévreux
les cyprès
glaives sombres
les saignées de lauriers roses  et de bougainvilliers
le paysage court
impalpable
à pleine vitesse
à fleur d’épaule
à fleur de tête
charriant
tirant
à rompre le fil impossible
des questions
aux émois du passé
à l’énigme sans titre du présent.

 

© Camille Pioz                                    140623

5 avril 2015

Pour venir...

Pour venir m’ouvrir ta porte
tu
chaussons en malaisance
as mis la tête de grand-mère
dans quel état
pourtant bien moins vieux qu’elle
quand
se brisa se brisèrent ses bras corbeille
pour ma peine
tu
ce visage composite
mille-feuille froissé séquelle de ta beauté photogénique
dans son cadre de bois
un sourire au loin  des absences des silences
des faïences fanées
de cet abandon mon père que
tu
comme si rien.

 

© Camille Pioz         150219

1 juin 2014

La ligne au fond

La ligne au fond qu’ils appellent horizon
Est d’un bleu cru et violent
Au-dessus s’étale un autre bleu
En moins sombre
Pour faire espace
Devant, des pierres
Qui s’empilent mine de rien
Avec des airs aériens
Des airs sereins
Elles plombent les pierres
Elles font barrière
Au bleu violent
Les ajoncs devant ça fait joli
Ça anime
Ça peut vibrer sous le vent
Ça fait paysage
Mais il n’y a pas de paysage
C’est un à plat
Un à plat de faux semblants
Deux dimensions qui en miment trois
Pour faire croire
C’est pour ça que le bleu est là
Faire croire qu’au delà de la ligne
Il y a
Mais il n’y a rien au delà de la ligne
De la ligne bleu violent
Au delà c’est le vide
Le vide définitivement.

 
 © Camille Pioz              120725
    

1 juin 2014

Je mourrai

Je mourrai en février un matin
De fontaine éclose
Un jour aux senteurs émiettées

Je mourrai en février un matin
Les pieds mouillés
Les cheveux lâchés
J’aurai jeté mon tablier de vieille écolière
Délié les nœuds dans mon ventre

Je mourrai en février un matin
D’herbe à s’évaporer

Je mourrai un matin de février
Un matin de crocus triomphants sur l’anisé du jardin
Un jour de mots attachés
De visages contre soi fort serrés

Les carillons auront cessé
J’irai m’allonger dans l’air vibrant  
Le soleil posé sur ma peau et  mes os
Je laisserai mon corps tout entier
S’enfoncer dans l’onde
Seconde après seconde


Je fixerai des yeux l’immortalité

 

 

© Camille Pioz          120227
    

31 mai 2014

Son regard s'est posé

La rocade porte sa charge de métal en partance
                                       Son regard s’est posé sur le fleuve
                                       A glissé sous les fils souples des saules
Des chiffons de papiers gras des éclats de verre
                                       S’est accroché aux palmes d’un col vert
                                       En a suivi les méandres inattendus
                                       Son regard a ricoché sur les reflets laqués
Des rectangles noirs dans des façades grises
                                       A démêlé les algues sous la ligne de flottaison
                                       S’est étonné des bulles impalpables
Des cages thoraciques  de voitures
                                       Passagères d’une bouteille sans message.

 

© Camille Pioz                          120620
    

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