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Papier carbone
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Papier carbone
5 avril 2015

Inaltérable

Tu peux tout changer.
La couleur de tes volets
Les chiffres au-dessus de ta porte
Le nom sur la boîte aux lettres
Cela ne suffira pas.
Tu peux tout emporter.
Les couplets de notre histoire
Les photos dans leurs vitrines
Et nos murmures sous cellophane
Pour t’envoler trois rues plus loin
Cela ne suffira pas.
Tu peux toujours si cela t’amuse
Partir pour les  îles inexplorées
Voir l’eau tomber à contresens
Faire l’acrobate la tête en bas
Cela ne suffira pas
A t’éloigner de moi.
Tu peux aussi si cela te chante
Te prendre pour l’un de ces bateaux
Ballottés par les horizons facétieux
Et qui ne retrouvent pas le nord.
Je n’ai pas besoin de faire un pas
Ni de bouger le petit doigt
Pour que tu sois avec moi.
Où que tu sois.
J’ai ton sourire
Au détour de mes chemins.
J’ai ton sourire
Pour chaque ombre de la nuit.
Sais-tu que la musique que je fredonne
C’est la chanson de ta voix ?
Que tous les pores de ma peau
Ont le souvenir de ton corps ?
Et tu peux même si tout se gâte
Te murer au plus profond de l’enfer.
Cette éternité n’a pas d’importance.
Je saurai bien t’y retrouver.

 

© Camille Pioz                                      120610
     

 

                                                               

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5 avril 2015

Page blanche

-  Et la terre
Qu’est-ce qui me prouve sa rondeur
L’ai-je jamais vue
De visu ?

-     . . .

-  Et ma vie
Fallait-il la commencer
Par le début
Ou
Comme un magazine
Par la quatrième de couverture ?

-     . . .

-  Et tous mes mots tous mes desseins
Sont-ils comme il convient ?

-     . . .

-     ? ? ?

-     . . .

-  Ma mère a tant emporté dans ses silences !

-     . . .

 

© Camille Pioz              120918
    

16 février 2012

Bébé là

Des pas-plus-grands-qu’elle
Et
Des dames
Là là là
Tant
Au plus profond du vertige
Bébé
Dérive
Au revoir Bébé à ce soir
Et les portes

Ont emprisonné le chemin du retour
Sous la robe de laine
Un petit cœur détale
Dentelles de limaille
Les fenêtres
D’ici
Trop vaines
Pour raconter la mouvance du jour
Papa Maman
A perdre haleine
Bébé
Tord son cœur en appel
Là là là
Comme une berceuse de Armas Järnefeld
C’est où
"Ce soir" ?

 

©  Camille Pioz 
     M. – 13 Novembre 2012

5 avril 2015

Sur le chemin

Les œufs ont roulé hors du cabas
Tu ne les as pas regardés
Les œufs ont roulé hors du cabas
Ils se sont cassés tous
Tu ne les as pas regardés
Tu avais suivi le chemin depuis la gare jusqu’à la ferme
Une journée entière à repasser du linge
Pour gagner le droit d’acheter
Ce qu’on a  bien voulu te vendre
Un peu de viande
Quelques légumes
Des œufs
Les œufs ont roulé hors du cabas
Les rapporter à Paris
Ne pas te faire contrôler
Ils se sont cassés tous
Les coquilles se vident dans l’herbe drue
Rejoindre  ton homme
Rejoindre tes deux enfants qui  attendent
Les œufs sont cassés
Ils font une flaque orange sous la lumière du soir
Tu ne  la vois pas
Une déchirure t’a saisie aux reins
Tu t’es laissée tomber
Les œufs ont roulé en contrebas
Tu t’es cachée dans le fossé
Un troisième petit ce n’était pas possible
Quand la vie se rationne en tickets
Alors il avait bien fallu
Tu serres contre toi ta robe qui se tache.

 

©  Camille Pioz – à M.P.                         120727
      

5 avril 2015

L'alouette

 

Cette voix nichée dans les replis de mon silence
Ni Condor
Ni l’Aquila de l’Amérique du Nord
Ni le grand Vé des vols planés 
Mais que grisolle en moi l’alouette frivole
Portée au levant
Dans les moissons d’avoine folle
Il est si court le temps de la chanson
Que grisolle en moi l’alouette rebelle
Qui ne se laisse saisir par un éclat de verre.

 

 

© Camille Pioz                     120109

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13 février 2012

Une rencontre

Chat dort sur son coussin
Le petit  s’avance à pas secrets.
Il penche sur Chat sa blondeur novice
Et le détaille
Deux yeux captivés.
D’ un index  hésitant  il questionne Chat
Une main ponctuée de fossettes appelle  Chat
Cinq doigts impatients débordants d’un tendre espoir  se tendent vers Chat.
Mais Chat mauvais coucheur lance une patte inamicale.
Le petit rétracte sa main meurtrie
Tous les doigts apeurés derrière son dos
Il cherche du regard
Deux yeux  embués.

 

© Camille Pioz
     M. – 17 juin 2012

 

                                                          

5 avril 2015

Un air de fête

Les martinets entre les toits entre les arbres
Lancent leurs cris stridents
Au loin les champs rougeoient comme feux de la Saint Jean
Tâches de sang au corsage de l’infidèle
Tâches mouvantes sous l’ombrelle impressionniste
Carrés de soie lissés par le vent
J’ai voulu vous prendre à pleine brassée
Mais vous n’êtes pas fleurs apprêtées
A vous laisser mettre en cage
Et je n’ai plus en mains
Qu’un amas déchirant de pétales chiffonnés.

Les martinets lancent des cris stridents.

                                                         

                                                                                 

© Camille Pioz                              120522

1 juin 2014

La ligne au fond

La ligne au fond qu’ils appellent horizon
Est d’un bleu cru et violent
Au-dessus s’étale un autre bleu
En moins sombre
Pour faire espace
Devant, des pierres
Qui s’empilent mine de rien
Avec des airs aériens
Des airs sereins
Elles plombent les pierres
Elles font barrière
Au bleu violent
Les ajoncs devant ça fait joli
Ça anime
Ça peut vibrer sous le vent
Ça fait paysage
Mais il n’y a pas de paysage
C’est un à plat
Un à plat de faux semblants
Deux dimensions qui en miment trois
Pour faire croire
C’est pour ça que le bleu est là
Faire croire qu’au delà de la ligne
Il y a
Mais il n’y a rien au delà de la ligne
De la ligne bleu violent
Au delà c’est le vide
Le vide définitivement.

 
 © Camille Pioz              120725
    

14 février 2012

Mascaret

 

Implants d’écrans dans la rétine
Casques gravés dans les tympans
Il surfe sur les couloirs des jours
Les tunnels hebdomadaires
OK
Il veut bien tout ce qu’on veut
OK
Dans son open space
Timing planning briefing
Mailing
Goutte à goutte  s’impriment
Petites gouttes font de grandes vagues
Vague à l’anima
L'onde sournoise s‘anime
Raz de bol
Mascaret dans sa cervelle
Tout déferle
Rien ne va plus
Mascaret dans ses neurones
Tout crapahute
Les fils qui grillent
Ecume tempête hoquet
Il se brise et broie
Du noir.

Burn Out.

Break Down.

 

                                       (C’est tellement plus cool dans la langue de Shake-expire.)

 

 

© Camille Pioz
    M. - 8 février 2013

14 février 2012

Nuisible

J’aime courir, le regard en alerte,
traverser les forêts escarpées, les plaines glacées.
J’aime sentir courir sur ma fourrure
la morsure de la Bora.
J’aime voir courir à mes côtés mes loupiots,
la truffe duveteuse, la démarche pataude.
J’aime courir et j’en tomberai.
Je tomberai dans cette neige, dans cette prairie.
Que je me terre dans la toundra ou la taïga
je tomberai, les pattes brisées, le crâne fracassé.
Je ne donne pas cher de ma peau qui rapporte gros
De l’Oural au Kamtchatka.
Canis Lupus dit Nuisible.
Nuisible je suis.
Car c’est moi à n’en pas douter,
moi qui violente le grand bipède glabre,
ensanglante sa tanière,
et, me gobergeant, la couvre de détritus .
Nuisible je suis, de l’alpha à l’oméga.
Car c’est moi à n’en pas douter,
moi qui, au nom de la haine, de la fatuité et de l’inconséquence,
irradie, atome mon amour,  Homo Technologicus,
sa femelle  et ses petits.

 

© Camille Pioz
    M. – 11 janvier 2013

5 avril 2015

Soleil

Soleil cru
son dard de pollution
enfiévré
ça cogne dur dans ma tête
c’est les icebergs qui se fracassent
m’aveuglent

Soleil dru
Soleil brisé criblé
sous des trombes de feuilles  de pierre de boue échevelée
Soleil bourrasque
mugissant rugissant
en tourments de grêle
le bocal est fermé
Ça martèle dur dans vos têtes ?
C’est les icebergs qui suffoquent.

 

© Camille Pioz                                   140608           

5 avril 2015

La giroflée

La giroflée 
au jardin interdite
crête en brouillon
pétales trop cuits
sans grâce et sans parfum
moi-disant
la giroflée n’osée
parce qu’au mur de briques municipal
sempiternellement
la giroflée
aux meulières de la communale
de filles
le tablier muet
bras froissés
sur le tableau épinglés
je ne plus
je ne plus
les cahiers d’encre rougis.

 

© Camille Pioz                                     140606

5 avril 2015

Le train

Soudain le paysage
âcre
la roche s’est haussée
a déchiré le foisonnement de verdure
une lumière acérée arrache chaque détail
à l’anonymat 
les espaliers de toits fiévreux
les cyprès
glaives sombres
les saignées de lauriers roses  et de bougainvilliers
le paysage court
impalpable
à pleine vitesse
à fleur d’épaule
à fleur de tête
charriant
tirant
à rompre le fil impossible
des questions
aux émois du passé
à l’énigme sans titre du présent.

 

© Camille Pioz                                    140623

5 avril 2015

Pour venir...

Pour venir m’ouvrir ta porte
tu
chaussons en malaisance
as mis la tête de grand-mère
dans quel état
pourtant bien moins vieux qu’elle
quand
se brisa se brisèrent ses bras corbeille
pour ma peine
tu
ce visage composite
mille-feuille froissé séquelle de ta beauté photogénique
dans son cadre de bois
un sourire au loin  des absences des silences
des faïences fanées
de cet abandon mon père que
tu
comme si rien.

 

© Camille Pioz         150219

17 mars 2013

Les bâtisses

 

 

Les bâtisses sont des corps émouvants
Regarde celle-ci
Flanquée de ses sœurs siamoises
Qui confisque l’horizon
La face pelée par plaques
Barbouillée d’affutiaux mal fagotés
Les pieds barrés d’embarcadères en simili
Elle s’évade
Toutes ouïes tendues vers un nostalgique là-bas
Ou celle-là
Corps obturé
Interdit  de vie
Interdit d’avenir
L’histoire et le regard bâillonnés
Qui suffoque
Derrière ses rideaux de parpaings
Cette autre encore
Cri décapité  à l’impasse d’un sentier
Livrée sans recours aux médisances du temps
La griffe des ramures le ciel et ses outrages
Les bâtisses sont des corps vibrants
Et toi tu rêves l’humble logis
Comme  serment de partage.  

                 

© Camille Pioz

23 mai 2014

De ciels en ciels

 

Tu ferres tu plombes
tu mastiques du toc
elle se rouge s’orange se violine      
tu marronnes des carbones
tu verts d’âtres
elle beige et bis
tu terres de Sienne
te grises de particules
t’ardoises de grèges te désagrèges
elle zèbre d’azure
elle turquoise
pastelle une bluette
tu moires
tu noires de cafard
tu ciels d’orage
elle s’écrue  s’ivoire
s’invisible
s’inconsistance
transparence.

© Camille Pioz                             140523                         

30 mai 2014

Recette

Tranchez dans le vif les tags et leurs buildings
les palissades
la limaille
concassez-les broyez-les
faites-les réduire
Désossez les cris de vos voisins
et ceux de leur chien
ne vous laissez pas attendrir
moulinez-les avec leurs klaxons leurs boumboums leurs vroumvroums
Incorporez à la sauce
jetez le tout dans les égouts
Saisissez une pesée de nuages gris
épluchez-les soigneusement pour en retirer l’amertume
fouettez-les jusqu’à les rendre mousseux et légers
Ajoutez quelques touches de fines herbes
quatre à cinq passereaux peinards
Parsemez-en l’horizon retrouvé
A faire frémir.

 

© Camille Pioz                              140530

5 avril 2015

Dires

 

Et si les mots étaient des pierres
Heurtant les murailles de nos mémoires
Jets de sons creux
Tombant à perte
Eclaboussants d’incertitudes
Et si les mots étaient des pierres
Qui ricochent et rebondissent
Sur le fil de la lumière
Et si les mots étaient des pierres
D’où jaillissent les étincelles ?

  

© Camille Pioz                     130124
  

 

31 janvier 2013

Si je n'étais ...

 

Si je n’étais duvet sur l’écorce de l’océan
Si je n’étais écaille de satin pour les bris de granit
Si je n’étais gouttelette du fruit trop tôt éparpillé
Si je n’étais coupure qui palpite
Si je n’étais souffle
Voix qui se diffracte
Regard qui étreint
Il n’y aurait que cendre d’émois
A jamais
Enclose en moi.

 

 

© Camille Pioz
      

21 février 2013

Au sommet du Machu Picchu

 

J’irai soigner les hirondelles
Au sommet du Machu Picchu !
Devenue dame
Quand  j'aurai des sous
Expliquait-elle
J’irai peindre des hirondelles
Au sommet du Machu Picchu
Ses cent sous en épargne
Quand  j'aurai le temps
Assurait-elle
J’irai saluer les hirondelles
Au sommet du Machu Picchu
Le temps lui donna du temps
Le temps qui reste.
C’est son corps qui ne veut plus.


S’écoule le Machu Picchu
Dans le creux de ses mains.

 

 

 ©  Camille Pioz
 

5 avril 2015

Les photos

 

Sans vos sourires sur les photos
Je me tromperais de souvenirs
J’épinglerais en cadres d’or
Des paysages radiés
Toutes clés savamment enfouies
Des têtes recluses à contrevents
Superbes dans leur démesure
Jusqu’à la brisure
Des cortèges d’abandons pour un carrosse d’ombres
Mais vos sourires il m’en souvient
Vos sourires à la pluie
A l’orage
A la simplicité des jours.

 

 © Camille Pioz                130219
  

5 avril 2015

Cette fois là ...

 

Cette fois là
Nous n’avons pas pu jouer à
La première de nous deux qui rira
Le cœur n’y était pas
Et ton sourire factice
Le maquilleur ne savait pas
Que  rire tu savais
Mais sourire jamais
A ton essoreuse à salade
Les larmes me sont venues
Comment un objet aussi bête peut-il porter tant de présence ?

 

                                                                     

© Camille Pioz                  130318
   

5 avril 2015

Vos doigts ...

 

Vos doigts
J’ai arraché
Vos yeux
J’ai déchiré
On ne peut pas tout garder
Il faut bien se faire de la place

Je redoute le passé qui m’incombe
Il m’apparaît griffé d’irréparables

Avec l’avenir au moins
On peut se promettre
Irréprochable.

 

© Camille Pioz                                                            130414

5 avril 2015

Apprendre

 

Apprendre
Me
Moi
Reconstituer
Qui sont
Je
Sous les oripeaux
Tant combien
De temps
Pour trouver
Je
Me
Avec vivre
Restent
Et le manteau de fausses peaux rejeté
Laver sa chair intérieure de toute assignation.

 

 

© Camille Pioz                                                 130512

23 mai 2013

Visiteurs ...

 

Visiteurs par hasard
Parmi les hôtes d’une capsule éphémère
Nous pédalons frénétiques pour ces destinations
Pérennité
Postérité
Voire Immortalité
Impensées par notre obsolescence programmée
Oublieux du  moment.

 

© Camille Pioz                                                                            130501

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