Le Géant
Dans mon grenier se cache un géant
Ses bottes sont de cent vingt cinq lieues exactement
Le soir
Le parquet craque au-dessus de ma tête
C’est qu’il est près de la lucarne
A contempler les lueurs de la lune
Il ne mange jamais les petits enfants
Quand il en voit
Sans qu’ils le voient
Il cherche dans leurs yeux ce que veut dire « enfant »
Il se nourrit du silence
Des maisons en dormance
La nuit je crois il descend
Chercher sur mes paupières ce que veut dire « rêve »
Perché sur les toits
Il saisit au vol « Noroit» « luciole » et caetera
Ses mots il les traduit dans toutes les langues
Il les connaît toutes
Au matin je trouve des petits papiers
Accrochés dans les herbes folles
Aux épines des arbres
Egarés sous les murets
Je sais alors quelle nuit il a passée
A deviser avec la lune
« hors du temps »
« asphyxie »
« guerres » « claques » « famines »
Il peut faire si froid dans les greniers des hommes.
© Camille Pioz
G. – 28 Août 2012