Un piano...
Un piano
échoué
un matin
entre loup et chien
sur le sable
et que les vagues assaillent à petites lampées
enlisé
dans la poix d’un trottoir surchauffé
au sud de Kottayam
une promesse
qui dérive.
© Camille Pioz 140611
Un piano
échoué
un matin
entre loup et chien
sur le sable
et que les vagues assaillent à petites lampées
enlisé
dans la poix d’un trottoir surchauffé
au sud de Kottayam
une promesse
qui dérive.
© Camille Pioz 140611
Soudain le paysage
âcre
la roche s’est haussée
a déchiré le foisonnement de verdure
une lumière acérée arrache chaque détail
à l’anonymat
les espaliers de toits fiévreux
les cyprès
glaives sombres
les saignées de lauriers roses et de bougainvilliers
le paysage court
impalpable
à pleine vitesse
à fleur d’épaule
à fleur de tête
charriant
tirant
à rompre le fil impossible
des questions
aux émois du passé
à l’énigme sans titre du présent.
© Camille Pioz 140623
Pour venir m’ouvrir ta porte
tu
chaussons en malaisance
as mis la tête de grand-mère
dans quel état
pourtant bien moins vieux qu’elle
quand
se brisa se brisèrent ses bras corbeille
pour ma peine
tu
ce visage composite
mille-feuille froissé séquelle de ta beauté photogénique
dans son cadre de bois
un sourire au loin des absences des silences
des faïences fanées
de cet abandon mon père que
tu
comme si rien.
© Camille Pioz 150219
Il n’y a pas de samedi sans soleil
Comme disait ma grand-mère
Prête à rire pour des riens
Quand bien même deux guerres
Et m’a ainsi offert
Trois mille soixante dix-huit
Virgule quarante six mille neuf cent quatre vingt seize jours
De beau temps
Sans compter les suivants.
© Camille Pioz 130411
C’est un champ de croix sous la pluie éternelle
Des croix immenses comme des draps sous la pluie éternelle
Dans un alignement éblouissant
Géométriquement parfait
Des croix dans un seul mouvement
Aveugles au temps
Le temps attend
Dans un instant dans une fraction de seconde
Elles s’arqueront sous la douleur de l’effroi
Dans un instant dans une fraction de seconde
Sous un orage de terreur de haine et de folie
Le temps attend
Juste avant juste quelques secondes avant
Elles riaient sous le berceau du ciel
C’étaient des bambins courant à la rivière de leur enfance
Regarde les poursuivre une envolée de jeux et de rêves
La peau fraîche de candeur
Le regard innocent
Juste avant juste quelques secondes avant
C’étaient de jeunes hommes courant sur le chemin de l’amour
Regarde les s’avancer dans la simplicité du jour
La peau douce
Le regard large et clair
Ecoute les chanter
Le temps attend
Dans une fraction de seconde
Dans un alignement éblouissant
Des milliers d’enfants
Des milliers de jeunes hommes
Beaux comme l’Olympe
Le corps tendre
Le regard brillant
Des milliers des millions d’enfants
Des milliers des millions de jeunes hommes
Tendres et doux comme des arbrisseaux téméraires
Ouvriront des yeux dilatés par un orage de terreur de haine et de folie
S’arqueront sous la douleur de l’effroi.
Des milliers des millions d’enfants
Des milliers des millions de jeunes hommes
Tous au garde à vous sous la pluie éternelle
Immenses comme des draps sous la pluie éternelle
Nous supplient d’arrêter.
Le temps attend.
© Camille Pioz
G.– 3 novembre 2012